Oneyed Jack vient de sortir son nouvel album "Prepare To Reactivate" après 2 ans d'absence. A l'occasion de leur venue dans le sud, en Octobre dernier, nous avons rencontré Lionel, le batteur pour lui poser quelques petites questions...

Nelio

La musique de Oneyed Jack, c'est quoi ?
Oneyed Jack, pour moi, c'est un peu un pot-pourri, un melting-pot de pas mal d'influences différentes qui vont de trucs assez extrêmes dans le tempo comme le hardcore et aussi bien des trucs plus calme type trip-hop et tout ça. C'est un groupe qui est fait de cinq personnes maintenant, on était six à une époque et c'est un groupe de fan de musique. Moi j'aime bien tripper dans plein de styles différents, les autres c'est un peu pareil, on a tous notre domaine de prédilection et notre style, mais ce qui fait la force de Oneyed c'est d'avoir cinq gars différents qui se mettent ensemble pour faire de la musique, essayer de fusionner un peu toutes leurs influences. 

Comment avez-vous appréhendé votre retour à la scène après plus de deux ans d'absence ?
C'était un peu difficile en fait, mais au bout d'un ou deux concerts ça revient assez vite. En plus, on tend à jouer de plus en plus de morceaux plus lents, donc c'est pas la même vibration que l'on développe sur scène. C'est sûr, les gens peuvent être un peu surpris car effectivement on est plus sur le premier album, le côté punk il est toujours là mais il est vachement plus définis, on se jette moins dans la bataille à core et à cris, je trouve qu'il y a plus de but, ça devient plus posé ! Si on est revenu aussi à la scène c'est qu'on pouvait enfin tu vois....Moi (Nelio), je suis parti en Indonésie pendant quatre mois, Fab il est parti en Afrique, on a tous trippé, il y en a qui on fait des gamins. En fait si tu veux on a arrêté parce qu'entre nous la musique c'était trop... on se connaît tous par cœur. C'est comme dans un couple quand tu connais l'autre par cœur et que finalement il n'y a plus rien à se dire, ben autant allez chercher ton inspiration, ton énergie ailleurs pour pouvoir avoir quelque chose à dire et c'est vrai que le break nous a fait énormément de bien. Même si c'est super difficile de revenir ! Je pense que pour nous tous l'album qu'on a fait, on l'a fait assez rapidement parce que sinon je pense qu'on allait splitter. Ce remettre ensemble quand on a goûté un peu à l'individualité, à d'autres choses, car on a tous des projets parallèles aussi c'est.... Mais sinon c'est un super kiff ! Je kifferai toujours de faire la musique que j'aime devant des gens qui à priori ont besoin de recevoir cette musique aussi, pour moi, il n'y a pas mieux ! 

Un bilan sur le Sriracha Tour II et sur le début de la nouvelle tournée ?
Pour nous, le Sriracha Tour c'était génial ! C'est assez rare quand t'es un groupe de faire des dates comme ça, avec des potes et puis d'être enfermé dans un camion ou t'as ta couchette, ton petit confort et tout ça ! De jouer 17 dates d'affilé, t'arrive à un niveau de jeu et un niveau sur scène que tu peux pas avoir en jouant que deux ou trois concerts par semaine et puis il s'y se passent des choses vraiment super profondes entre les gens parce qu'en fait t'es dans un truc avec une trentaine de personnes et tu vis avec eux pendant tout un mois, ça te resserre vachement aux gens et t'arrive à avoir des choses super fortes, des vibrations comme jamais t'as connu ou des échanges ...enfin c'est humainement à conseiller, que ce soit dans la musique ou dans autre chose, toutes les aventures en groupe à partir du moment où tout le monde joue le jeu et tout le monde se fait rebondir sur certain truc ça t'apporte à toi, c'est énorme. Tu peux corriger tes côtés négatifs, tu peux pas faire le relou. Nous dans notre petit camion, on se connaît tous par cœur alors que là..., c'est bénéfique pour tous les groupes, c'est une super émulation en fait.
Tu joues dans des salles pleines, c'est vraiment super énorme ! Moi, j'en garde un super souvenir ! C'est une des meilleures tournées que j'ai faites de ma vie avec une tournée qu'on avait fait au Québec dans le même genre avec plein d'autres groupes québécois il y a 4/5 ans qui s'appelait "Pollywog" que les Lofo's, Watcha ont fait aussi les années suivantes...

La nouvelle tournée c'est un peu délicat, nous on kiffe grave, mais je pense que les gens et nous, on a un petit peu de problème par rapport au tempo c'est-à-dire qu'on joue pas mal de trucs qui sont moins hardcore et peut-être que les gens qui viennent nous voir sont déçus parce qu'ils ont pas le côté métal, le côté qu'il y avait avant, c'est vrai que notre musique a changée. On n'a pas envie de faire ce qu'on faisait il y a 5 ans et généralement c'est bien reçu, sauf quand on joue devant des publics vraiment que métal où tu ne vois que des t-shirts Pantera! Je ne renie rien, c'est juste faire un petit clin d'œil à ça parce que moi aussi je viens du métal, j'écoute encore du métal mais à partir du moment où t'en à fait pendant 5/6 ans tu t'intéresses aussi à d'autres musique. Nous ce qui nous fait apprendre les choses c'est surtout évoluer dans la différence, on a pas envie de faire de la redite, parce que pour nous la musique c'est de la thérapie et on la fait évoluer de manière à ce que chacun s'y sente à l'aise toujours à travers la vie du groupe au bout de 8 ans où t'es ensemble, si tu fais tout le temps la même chose ça progresse pas, il faut qu'on apprenne dans les chemins où on a pas été.

A quelle période de votre vie musicale vous pensez être ?
Je ne sais pas en fait, maintenant qu'il y a la musique électronique, ça a encore ouvert des espaces énormes. Je pense qu'on est à une période de maturité par rapport à la musique électrique mais je pense qu'on va avoir encore beaucoup de choses à dire à travers plus d'apport de machines, d'électroniques. Mais on est à une période où on a déjà connu la montée, où on booste partout. Je pense que maintenant on a moins de succès mais on profite de ça pour faire les choses qui sont importantes pour nous, et c'est vrai que les gens nous suivent peut-être moins parce qu'on part dans d'autre directions et les gens sont habitués à avoir une image de toi et ils veulent la garder. On aime bien changer, pas être toujours à la même place, et pas faire un truc qui est catalogué, enfermé.

A l'heure actuelle de quelle mouvement musical vous sentez vous le plus proche ?
Je trouve qu'en ce moment le mouvement que les médias appelle le néo-métal est décevant. Quand on a commencé, il y avait un terme qui s'appelait fusion et je pense que l'on fait toujours de la fusion même si notre son a changé. Mais ce qui me déçoit un peu c'est qu'il n'y ait pas de jeunes groupes qui font du Fishbone, du Urban Dance Squad, des choses comme ça. Mon seul regret par rapport au son d'aujourd'hui c'est que tout le monde suit ce son, tout le monde imite ça, tout le monde détend ses guitares et tous les chanteurs gueules. Moi, je trouve que c'est dommage mais en même temps, quand tu commences à jouer tes influences, elles se marquent grave, c'est après que toi tu crées ton imagerie, ton son où là, il faut que tu arrives à trouver ton identité. Mais par rapport au son je suis déçu qu'il y ait trop d'uniformisation. Ca a démarré avec KoRn qui est un groupe que j'adore, mais le problème c'est que ça a enchaîné derrière tout un tas de groupe dans la même mouvance, dans le même son. Moi j'aime pas m'enfermer dans un style donc c'est un peu difficile pour moi de parler de ça, mais c'est pareil ailleurs dans la jungle ou dans la techno : il y a l'époque où tu découvres, après il y a l'époque où il y a un certain savoir faire, un certain art de faire tel style où les gens s'attendent à retrouver des choses propres à chaque style. 

Vers quoi vous voulez aller musicalement, vers quel "idéal" ?
On ne sait pas trop. On sait pas si on va faire un quatrième album, parce qu'un groupe qui dure 10 ans c'est très dur. Les groupes qui ont commencé en même temps que nous, à part Lofofora, il n'y en a plus beaucoup, No One a splitté, les Silmarils, ça à plus rien à voir avec des groupes qui sont dans leur petit camion et qui ont les pieds dans la boue. Je pense que nous, c'est d'évoluer dans notre musique qui nous fera rester ensemble. A partir du moment où l'on aura plus rien à se dire, on va taper un break pour avoir autre chose à se dire et si au retour les choses sont difficiles, ben on arrêtera mais à priori il y a quand même de grande chance qu'il y ait un autre album. Alors qu'au départ on devait faire la tournée et arrêter ! Puis là on voit qu'on s'entend quand même encore ensemble qu'on a encore plein de choses à dire. Mais je peux pas te dire quelle sera l'évolution.
Il est perçu comment l'album ?
Il est super bien perçu par les fans. Je pense que Oneyed, c'est un groupe, si tu mets pas les deux doigts dans la prise tu passes à côté. C'est vrai que nous on a des musiques un peu spé et c'est clair que si t'écoutes pas 3 voir 4 fois certaines chansons, tu passeras à côté parce qu'on essaie de faire de la musique un peu plus profonde que de la musique efficace au premier degré. Je trouve qu'en France, malheureusement, si t'es techno, t'es techno, si t'es rappeur t'es rappeur, y a pas trop de gens qui aiment plein de styles. Moi j'aime bien écouter du reggae, du hip-hop, de la techno, de la jungle.

Si votre musique était une couleur ce serait laquelle ?
Je pense que se serait une couleur assez vive mais en même temps avec des couleurs froides. Pour moi il y a un peu toutes les couleurs du prisme dans Oneyed. Il y a un côté froid et un côté chaud en même temps. Notre musique joue vachement sur les contradictions, les oppositions de styles donc ça ne pourrait pas être une seule couleur. Ca serait plusieurs couleurs ça c'est sûr...
C'est bien métissé quoi !
Ouais, c'est aussi ce qui plait à certaines personnes et ce qui nous dessert aussi ! Là par exemple ce soir, on va jouer sans Guillaume notre DJ, c'est clair que si il y a un mec qui est à fond hip-hop, qui est venu pour voir Guillaume ben y vas être dégoûté. Et c'est au même titre par contre qu'un mec qui aime bien la guitare, ce soir y va écouter le concert, il va se dire c'est chant-mé, j'entends la guitare comme jamais je l'ai entendu dans Oneyed.

Quels sont vos projets après la tournée ?
Je pense qu'on a tous chacun nos projets. Guillaume sort des Mix Tape sur Paris avec un gars qui s'appelle "Chimiste", ils font du son ensemble, c'était un gars qui faisait toutes les machines dans La Cliqua qu'était un possee hip-hop assez marqué sur Paris. Il y a Kronik Bass (Guillaume + Befa). Julien, le bassiste, est à fond dans la vidéo, le montage, il a fait les clips de Mass Hysteria, de Lofo, là il est en train de faire tout un documentaire sur la tournée de Tryo, il s'est bien investit là-dedans. Il fait aussi des remix à droite, à gauche. 
Moi, ça fait deux ans que j'ai des samplers et des ordinateurs et j'espère que pour l'année prochaine je serais prêt pour faire un live plutôt noteck, break-beat. Et puis sinon ça fait à peu près 5 ans que je suis plutôt dans le milieu des travellers, on pose du son à droite à gauche et puis je vais faire la fête à droite à gauche en Europe. Je suis plus dans la techno et la jungle que dans le rock maintenant. 
Sinon, on espère qu'on fera un quatrième album, je pense que ça tiens plus à l'entente qu'on a entre nous qu'à la possibilité matériel de le faire parce qu'on sait que derrière la maison de disque elle a envie de ça aussi ! Mais on préfère prendre notre temps comme on l'a toujours fait, en espérant qu'il n'y aura pas de break, parce que c'est vrai que c'est dur de revenir après !

Un petit mot sur Sriracha...
Ben Sriracha, c'est une super belle histoire où des gars, des musiciens ou des gens qui savent pas trop quoi faire dans la vie trouvent leurs places par rapport au management, à faire des t-shirts, à s'occuper des groupes en tournée,... C'est une histoire où deux potes se mettent ensemble. Moi, par rapport à mes manageurs je n'ai aucun contrat signé. Tout s'est fait parce qu'on a grandit ensemble, on s'est serré les coudes, on était tous les pied dans la merde au départ et on sait d'où on vient, on sait apprécier les choses et ça restera des amitiés pour la vie. C'est une pure aventure humaine ! On a vraiment une envie de bâtir les choses sur la qualité des gens et pas de chercher ailleurs. Ce que tout le monde cherche c'est de la thune et avec c'est les moyens pour faire tout. Alors que nous on est parti d'entraides. Dans le rock y a un truc qui est assez tribal, une aventure massive où les gens ont envie d'échanger des trucs ensemble et puis de s'émuler, et de se porter ! 

(Propos recueilli par
Marie & Olivier le 12 Oct. 01 @ Cavaillon, retranscrit par Marie)

Un grand merci à Lionel, à Oneyed Jack et à Sriracha Sauce, une bonne soirée et un très bon concert des Wanailles malgré quelques problèmes techniques...



Oneyed Jack en Live
La chronique de Prepare To Reactivate
La page Sriracha Sauce
La review du Sriracha Tour dates par dates.

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