Il y a une grosse évolution dans les textes du dernier album, qu'est ce qui vous a inspiré ces nouveaux textes ?
Mouss : Ce qui m'inspire, la vie, l'espoir et surtout notre environnement qui est de plus en plus barbare. Disons qu'on a besoin d'espoir et de positivisme là-dedans. Voilà je suis inspiré par tous ce qui m'entoure. Mais comme je vis une belle aventure avec Mass Hysteria, j'arrive à écrire, au sein de cette cellule hystérique, des choses positives parce qu'on vit des choses biens, constructives et évolutive.

Les textes sont quand même moins positifs que ceux de "Contraddiction" !
Mouss : Pas moins positif, y a vraiment plus d'espoir. 
Yann : D'un côté, je crois que t'as "Contraddiction" où tout est scandé positif, de l'autre, "De Cercle en Cercle" avec plus de réflexion. Dans la vie tu peux pas être positif tout le temps, je crois que c'est bien reflété dans les textes de Mouss, tu as toujours des moments où tu te remets en question.
Mouss : Ouais c'est ça, tout à fait. Dans "La Puissance Bienvenue", je parle des résiliants. Il y a un bouquin qui s'appelle "Le merveilleux malheur" c'est de Boris Cyrulnik, un mec qui s'occupe des résiliants… Les résiliants, se sont des enfants qui ont eu une enfance atroce, qui sont marqués à vie et qui essaient de sortir de ce drame, de se reposer sur leur malheur pour avancer et positiver. Ils essaient de bien vivre malgré la maltraitance, malgré les souffrances qu'ils ont enduré pendant leur enfance. C'est ça les résiliants, et c'est pour ça aussi : "les résiliants le savent bien plaider l'ignorance ne sert en rien". Ca veut dire que si tu ne regardes pas ton propre malheur et ta propre souffrance, que tu n’apprends pas à vivre avec, tu ne t'en remettras jamais. Il faut transcender, dépasser cette souffrance ! Il y a des gens qui souffrent et qui mènent une vie complètement normal, ils ont des enfants, une vie de famille normale malgré qu'ils aient vécu des trucs affolants et atroces auparavant. Tout n'est pas perdu jamais jamais jamais !!! Il faut se servir de son propre mal pour avancer. Mais on peut pas non plus toujours remâcher et se placer en victime, il faut sortir un peu de ça. Il faut respirer...positiver.
C'est le maître mot mais c'est pas toujours évident, parfois t'es au fond du trou.


Comme c'est plus mélodique les paroles sont peut-être moins rentre dedans ?
Mouss : J'ai envie d'écrire des choses douces, des choses personnelles, des choses légères, des choses moins rentre dedans et sur des morceaux comme "Millenium Appauvri" ou "La Puissance Bienvenue", j'essaie d'avoir beaucoup plus de pertinence que de violence dans mes propos. Les paroles se sont faussement adoucies avec la musique. C'est beaucoup plus doux mais ça cache quand même un côté beaucoup plus noir, plus pessimiste. C'est un petit peu pessimiste en fait, mais il y a une touche d'espoir derrière !
Olivier : C'est pessimiste mais y dit pas...
Mouss : ...People=Shit ! Nan moi je dis pas ça ! Nan, nan, nan, nan ...J'aime le monde, j'aime le monde ! Je t'aimeuh, je t'aimeuh, je t'aimeuh ! 

Quel était votre état d'esprit au moment où vous avez conçu l'album ?
Mouss : C'était assez calme j'ai trouvé.
Yann : En fait on a composé pendant presque un ans, un ans et demi. Chaque morceau reflète la période à laquelle on l'a composé. Ca dépendait de notre humeur. C'est pour ça que les nouveaux morceaux sont super différents parce qu'à chaque fois qu'on rentrait dans un morceau l'ambiance était différente.
Mouss : Pendant la composition de cet album là, on a connu deux départs du groupe, le guitariste et le sampler, on a connu donc l'arrivée d'Olivier. On a connu des naissances aussi, Yann est papa depuis et moi je suis papa une deuxième fois aussi...

Et ça vous a apporté quoi l'arrivée d'Olivier ?
Olivier Mouss : Qu'est-ce que nous apporté son arrivé...des conneries ! (rires) On fait des petites bombes à eau en papier, on fait des sarbacanes avec des crayons bic, on fait des blagues...
Raphaël : On fait des bonnes blagues…
Mouss : Oui on fait des bonnes blagues
Raphaël : On est en colo...
Mouss : C'est ambiance colo avec Olivier
Raphaël : Wala
Mouss : Wala !!!
Raphaël : Nan y joue du piano...
Mouss : Debout en plus ! (rires) Rien à voir avec la chanson. Nan mais ça nous a apporté du piano et un petit peu de bonne humeur, des vannes, des histoires drôles de ci de là...
Raphaël : Un certain talent.
Olivier : Vous voulez une blague d'ailleurs ?
Nous : allez !!
Mouss : Qu'est-ce qui est rouge et qui a une cape ? Super Tomate ! (gros blanc puis rires) Nan y nous a apporté une fibre de l'électro en fait, au niveau des sons électro…
Olivier : mouais
Mouss : Arrête ! Tu sais très bien que t'as bossé jour et nuit comme un damné... Y fait le mec genre ouais c'est facile pour moi... On sait très bien que le petit là y dors même pas une heure par nuit. Qu'est-ce t'as fait cette nuit par exemple ? T'as encore bossé sur ton ordinateur.
Olivier : oui.
Mouss : Wala, toute la nuit, il a dormi 20 minutes le petit gars. C'est bien y prépare le quatrième album, c'est bien. (rires) Donc nan y nous a apporté des nouveaux sons, parce qu'il a pas du tout la même culture musicale que notre ancien sampler, ni la même touch, ni la même approche des machines et il est musicien. Il est guitariste de Mass et en plus y il fait les sons pour Mass. Il a quelque chose d'assez complet, ce qui apporte des sons beaucoup plus larges et des sons que tu entendras seulement au bout de la quinzième écoute de l'album, des infrasons... Y s'est fait plaisir le p'tit gars tu vois ! Même moi je crois que j'ai pas encore entendu tous les sons de l'album.


L'album de la maturité ?
Raphaël : C'est la presse qui a dit ça.
Mouss : Par rapport aux deux autres albums il est beaucoup plus mûr. Maintenant est-ce que c'est l'album de la maturité...j'espère qu'on va aller plus loin quand même. Je crois qu'on a pas fini de grandir. Olivier a 27 ans, comment tu veux être mature avec des mecs comme ça, ça boit du diabolo menthe toute la journée, ça mange des yaourts, ça joue à l'ordinateur, c'est la colo quoi !!! Qu'on vienne pas me parler de la maturité dans Mass Hysteria !

Est-ce que vous vous sentez proche de la scène métal actuelle ?
Mouss : Oui bien évidemment. On rencontre à peu près tous les groupes et je pense que de par nos performances et de par les concerts qu'on n'en voit, on doit être un des groupes "métal" en France - si on peut dire qu'on est métal - qui suscitons le plus d'envie des groupes... Enfin beaucoup de groupes métal en France veulent jouer avec nous. Par exemple hier, le mec de Lyon m'a dis que pour notre concert il a eu au moins 20 coups de fils de 20 groupes différents. Enfin oui on se sent carrément proche de cette scène là parce qu'on en vient. Et toute la vague Lofo, Sriracha Sauce était déjà là quand on est arrivé !! Nous on fait partie de cette scène là, on représente, on revendique, on cautionne...
Raphaël : Même si on ne se limite pas qu'à ça !
Mouss : Nan on se limite pas qu'à ça. Jmpz par exemple qui joue avec nous ça n'a rien de métal, mais alors rrrien du tout ! Donc voilà on essaie de proposer toute sorte de musique parce qu'on prône l'ouverture musicale, on prône le plaisir dans la diversité. Donc au niveau des groupes qui sont avec nous sur scène on essaie de varier, mettre du bourrin, mettre de la souplesse, mettre de l'ambiant, un petit peu de tout. Y a du bon à prendre dans tout.
Raphaël : A une époque le mec qui écoutait du métal, il écoutait pas autre chose. Ca ça a vachement évolué.
Yann : Quand on a joué au Tattoo the Planet par exemple, on s'attendait pas du tout à cet accueil là du public, y a vraiment eu de super réactions sur Pleymo, sur Mass,... Et ça serait pas arrivé il y a dix ans, ça prouve que le public a évolué... Bon, il y en avait quand même qui étaient assis, tu voyais qu'ils attendaient Slayer et qu’ils bougeaient sur rien mais ils étaient en minorité.
Mouss : On a rencontré des purs fans de Slayer et y sont venus nous dire "les gars respect, j'écoute pas votre musique, j'étais venu pour Slayer, ben vraiment moi je respecte, sur scène vous déchirez, vous faites votre boulot"... Ca fait plaisir !

Comment se passe la tournée ?
Mouss : Très très très bien. C'est bonne ambiance, y a beaucoup de gens qui viennent nous voir...
Raphaël : C'est relax...
Mouss : On a un beau camion.


Votre album a été super bien accueillit par les critiques, vous le ressentez comment pendant les concerts au niveau du public ?
Yann : Moi je trouve que ça a changé depuis le début de la tournée. Là on en est à la 18ème date, et en fait au début t'as les gens qui venait nous voir mais qui étaient restés septique sur l'album donc ils attendaient les nouveaux morceaux mais bon maintenant on a passé le cap et les gens sont carrément réceptifs autant aux nouveaux qu'aux anciens. Honnêtement je crois que les morceaux sont maintenant carrément intégrés.
Mouss : Mais je crois que cet album a été largement accepté. Il y a eu une petite branche de sceptique et une plus petite branche de refus total. Les gens ne se retrouvaient plus du tout "vous avez retourné votre veste", mais bon y a une large majorité qui sont fan et les sceptiques c'est ceux qui l'ont acheté et qui se sont dis bon allez on va attendre de voir sur scène parce que c'est chelou, qu'es-ce que ça va donner sur scène est-ce que ça va être le même Mass qu'avant... Et en fait sur scène on remet tout le monde d'accord... C'est bien parce que ça fait parler du coup.
Raphaël : Sur scène on ne s'est pas calmé, on est pas statique.
Mouss : Ouais c'est vrai on bouge des cheveux un peu.
Olivier : Si on avait voulu faire dans la facilité on aurait composé un deuxième "Contraddiction".
Mouss : Surtout qu'en plus Olivier avant d'intégrer Mass Hysteria y sortait d'un groupe de hardcore sans concession, rien de mélodique que dans la gueule, des riffs supra venères. C'est-à-dire qu'il aurait pu arriver dans Mass et dire aller on envoie encore. Ca aurait pu être carrément plus violent Mass Hysteria mais alors sans problème, mais ni Olivier ni nous ne voulions un "Contraddiction" numéro deux donc on a fait ce qui venait, on a fait ce qu'on ressentait.
Olivier : On a pris un risque qu'on assume totalement.
Mouss : Y faut imposer ses choix. Le premier album c'était pour exister, le deuxième album c'est un album fait pour la scène et le troisième album on s'est dit qu'on allait faire un album un peu pour nous, pas pour se faire plaisir mais pour exprimer ce qu'on avait vraiment en nous. Cet album nous correspond vraiment. Les autres aussi correspondent à un pend de notre personnalité mais cet album est beaucoup plus complet, il va vraiment chercher plus loin dans la réflexion...

Vous aller refaire une aussi longue tournée que pour "Contraddiction"?
Mouss : C'est bien partie... Pour "Contraddiction" on a fait plus d'une centaine de concerts, à la fin de la tournée on était épuisé.

La fin de la tournée c'était les premières parties de Korn ?
Mouss : C'était juste après la fin, c'était un truc en plus après la tournée.
Yann : En fait quand on nous a proposé KoRn on a trouvé que c'était bien parce que ça concluait la tournée. 
Mouss : Mine de rien même si y avait plein de gens qui nous connaissait, il y a plein de gens qui nous ont dis qu'ils nous avaient découvert là.
Raphaël : C'est marrant ça a dû marquer parce que ça fait presque deux ans... 
Yann : ...et on nous en parle beaucoup... C'est quelqu'un qui s'en est occupé sans nous demander en fait c'est le directeur artistique de KoRn chez Epic France qui est un pote à nous. Il a fait la démarche sans nous demander, il a envoyé l'album et puis y a eu un fax de Fieldy disant que c'était ok pour les cinq dates françaises. Après on a dû batailler parce que quand tu fais des trucs comme ça t'es pas payé et ça te coûte de l'argent. Et quand on a fait la date à Paris, les KoRn nous on dit qu'on devait faire que la date parisienne et puis finalement ils nous ont dis "vous venez avec nous on vous enlève tous les frais, on vous invite". A deux heures du matin à Paris dans les loges, Fieldy nous a dit ça...
Mouss : Moi je l'ai su à trois heures, j'étais bourré. "Bon les gars on se lève dans quatre heures on va jouer à Rennes avec KoRn"."Ben alors faut rentrer maintenant les gars" Et oui nous on croyait qu'on avait plus école.
Yann : Ah c'est vraiment un putain de souvenir, quatre dates où t'apprends...
Mouss : Et puis le batteur de Faith No More, Mike Bordin qu'était là. C'était la double surprise ! De jouer avec KoRn c'était bon alors en plus avec Mike Bordin... Et lui il était fan de Mass Hysteria. Tous les soir il était sur le côté de la scène, ça fait plaisir.

Est-ce que vous avez essayé de faire des trucs avec eux ?
Yann : En fait ça a été proposé mais pas suivit de notre côté.

Vous écoutez quoi quand vous êtes sur la route ? 
Olivier : Le bruit du moteur.
Raphaël : C'est vrai qu'en ce moment on écoute pas grand chose.
Yann : Quand on met la chaîne dans les loges, on écoute souvent du hip-hop.

Et au niveau métal français ?
Mouss : Le dernier Boost est bien. Je l'ai eu y a pas une semaine là et...
Yann : Enhancer, j'aime bien.

>>>Interview réalisé par Marie & Olivier le 17 Novembre 2001 à Montpellier (Victoire II)

Un grand merci à Mouss, Olivier, Yann, Raphaël et Titou, à Buba (bon anniversaire) et à Nico de Yelen...

                       

Mass Hysteria aux Eurockennes de Belfort (Juillet 2001)
La page Mass Hysteria

www.mass-hysteria.com

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